Philippe Loubat-Delranc
Moment d’absence
Il y a trop de bruit dans le hall de l’immeuble, il y a trop de bruit dans l’escalier, il y a trop de bruit dans la rue.
Il y a les claquements de la porte d’entrée que les voisins ne retiennent pas. Ce n’est pourtant pas faute de le leur avoir gentiment demandé quand il lui arrive de les croiser, le matin, au moment où il sort chercher son courrier pendant que le facteur est encore là – il sait qu’il est là, car il entend de chez lui le petit choc sourd des lettres jetées au fond des boîtes, alors, les jours où il a envie de parler au facteur, il ouvre la porte de son appartement en rez-de-chaussée et dit bonjour au facteur comme s’il était surpris de le trouver là, dans le hall de l’immeuble, devant les boîtes aux lettres, et il lui demande s’il va bien, et il le regarde jeter les lettres dans les boîtes aux lettres pendant qu’ils se disent, sans réfléchir, ce qui leur passe par la tête : ils parlent du temps qu’il fait, ou bien de la privatisation de la poste, ou bien des prochaines vacances du facteur, ou bien du hall qui est très sonore au point, précise Julien, qu’il entend, de chez lui, les lettres cogner contre le fond des boîtes.
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