Patrick Chavardès
NAGUI
— Salut.
— Ça va beau gosse ?
— Ça va !
— Comme d’habitude ?
— Comme d’habitude !
L’habitude, c’était le double-express chez Jean. J’étais un fidèle client. Mais ce jour-là, j’étais matinal. J’avais trouvé du boulot. Je n’étais plus chômeur. J’étais intérimaire. Il était temps. J’étais fauché comme les blés et j’avais un loyer de retard à l’Hôtel Du Sans Souci où je logeais en attendant mieux.
Après avoir avalé mon café à toute vitesse, échangé d’autres salut et d’autre ça va avec d’autres lève-tôt, je me précipitai dehors pour attraper l’autobus de justesse. Je traversai à pied une partie de la zone industrielle de Gennevilliers, sous la pluie. Arrivé à l’entrepôt, je fonçai au vestiaire. La plupart des gars étaient déjà là et fumaient leur cigarette en silence avant la sonnerie.
— Tiens, voilà le poète, dit Nagui.
Nagui est yougoslave. Grand, mince, avec des yeux bleus, il a de la classe. Il ne parle quasiment à personne mais il m’a pris en amitié.
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