Elias Thuloup
Tingis
Caché derrière un rideau, Smaïl écoutait sa mère traduire à l’assemblée des femmes occupant le salon les propos de l’étrangère récemment arrivée en ville : une jeune femme en pantalon, aux cheveux courts ; les yeux clairs et bleus comme des glaçons.
« Et vos maris ? Est-ce qu’ils sont tendres ? Est-ce qu’ils vous caressent ?»
Comme à chacune de ses interventions auprès des femmes du quartier, l’étrangère parlait ferme. Une rumeur parcourut l’assemblée. Smaïl rougit, sans savoir exactement pourquoi, gêné par cette allusion - qu’il devinait audacieuse - à ce qu’il était trop jeune pour comprendre. Il jeta un œil inquiet à sa grand-mère qui lissait les plis de son caftan dans un coin de la pièce. Elle semblait fort heureusement ne pas écouter la discussion.
« Est-ce qu’il vous lèchent les seins ? » ajouta l’étrangère avec un air de défi.
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