Les éditions Orizons publient La Ballerine, un court récit de Günter Grass.
«Telle une nonne, la ballerine, exposée à toutes les séductions, vit dans l’ascèse la plus sévère. Cette comparaison ne devra pas surprendre, car tout art fut toujours le résultat d’une restriction conséquente et jamais celui d’une démesure géniale.
Même si, de temps à autre, des incartades dans le domaine du défendu ont laissé et laissent penser que tout est permis à l’art, l’esprit précisément le plus délié s’est toujours inventé des règles, des clôtures, des chambres interdites. Ainsi l’espace de notre ballerine est limité lui aussi, aisément contrôlable, et ne permet de changements qu’à l’intérieur de la surface disponible. Les exigences de l’époque imposeront à la ballerine un visage toujours nouveau, sur lequel on voudra placer des masques exotiques et pseudo-exotiques. Elle se prêtera à ces petits jeux décoratifs, sachant que toute mode lui va bien. La vraie révolution devra toutefois survenir entre les murs de son palais»
Dans ce texte écrit en 1963, Günter Grass part d’un modèle conventionnel, même s’il fut sans doute inspiré par sa première femme, danseuse classique, pour énoncer des principes applicables à l’art de l’écrivain, du peintre ou à celui de tout artiste.
La Ballerine, traduit par Miguel Couffon
«Telle une nonne, la ballerine, exposée à toutes les séductions, vit dans l’ascèse la plus sévère. Cette comparaison ne devra pas surprendre, car tout art fut toujours le résultat d’une restriction conséquente et jamais celui d’une démesure géniale.
Même si, de temps à autre, des incartades dans le domaine du défendu ont laissé et laissent penser que tout est permis à l’art, l’esprit précisément le plus délié s’est toujours inventé des règles, des clôtures, des chambres interdites. Ainsi l’espace de notre ballerine est limité lui aussi, aisément contrôlable, et ne permet de changements qu’à l’intérieur de la surface disponible. Les exigences de l’époque imposeront à la ballerine un visage toujours nouveau, sur lequel on voudra placer des masques exotiques et pseudo-exotiques. Elle se prêtera à ces petits jeux décoratifs, sachant que toute mode lui va bien. La vraie révolution devra toutefois survenir entre les murs de son palais»
Dans ce texte écrit en 1963, Günter Grass part d’un modèle conventionnel, même s’il fut sans doute inspiré par sa première femme, danseuse classique, pour énoncer des principes applicables à l’art de l’écrivain, du peintre ou à celui de tout artiste.
La Ballerine, traduit par Miguel Couffon