François Maurin
Évocations
Le couloir
Dans le couloir tu reculais, Boule. La maison était grande. Le couloir était long. Il n’y avait ni début ni fin à l’histoire.
Le jour les pensionnaires se faisaient rares. Ils ne parlaient pas. Ils s’évitaient. Ils étaient entièrement occupés à s’éviter.
Tu entrevoyais leur lits, au bout d’une ombre.
Ils soufflaient, en somnolant, ou en travaillant ; ils soufflaient sur leurs plumes, derrière leurs portes, quand tu passais. Et puis ils te houspillaient, ils te traitaient, oui, tu le sais bien, ça commençait toujours ainsi :
— As-tu bien respiré ta plume, Boule ?
— T’es-tu bien abrité du soleil derrière ta plume, Boule ?…
Le mot les faisait rire et rougir.
Tu ne répondais pas. Tu étais déjà loin.
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