Valérie Benghezal
Crépuscule
Elle balaie la pièce du regard. Tout semble bien ordonné. Le dîner mijote sur la cuisinière, la table est joliment mise et les verres remplis d'eau. Les enfants sont assis et parlent calmement. Il est 19h. Elle guette l'aspérité, l'accroc, mais son regard glisse.
L'épaisse porte de bois ouvragée de l'immeuble claque et résonne. Elle entend des pas dans l'escalier de pierre qui mène à l'appartement. Tout son corps se tend, ses sens en alerte. Elle est immobile, de profil devant le couloir sombre qui mène à la cuisine, pour mieux écouter. Telle un animal, elle a aiguisé son ouïe, son odorat, de pauvres armes. Ses fils se sont tus.
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