D’après l’un de mes bons amis je mènerais la vie du jeune, très jeune cucumis sativus : « Précocement isolé de sa branche, l’enfant-fruit est plongé dans un environnement amer, qu’il apprécie tout particulièrement. Sans doute parce qu’il lui conserve l’enveloppe croquante, manière de cuirasse que nécessite un cœur habituellement plus tendre. Il passe dès lors le plus clair de son temps dans ce bain plus profond que lui-même, fixant le monde au travers du verre blanc, attendant avec un effroyable trac la bouche d’ombre qui l’engloutira. Sa forme usuelle est l’ellipse. Le roi Salomon consommait, à ce qu’on rapporte, sa chair mature parce qu’elle aurait été génératrice de sagesse. Il est par contre parfaitement avéré qu’à la faveur d’une forte teneur en sodium le cucumis sativus “captif” est tout à fait capable de produire sous une charge positive et négative les photons nécessaires à son illumination. »