Dissipons d'abord un possible malentendu, voire un quiproquo… Je le dis avec force, Ludovic Maubreuil n'a rien à voir avec l'étonnant comte de Maubreuil qui, en 1814, au début de la première Restauration, dépouilla de ses bijoux et de son or la reine de Westphalie qui lui avait refusé ses faveurs, fut mêlé à un projet d'assassinat de Napoléon, alors en route pour l'île d'Elbe, et agressa violemment Talleyrand au sortir d'une cérémonie religieuse ! 
En revanche, Ludovic Maubreuil a beaucoup à voir avec le cinématographe et la littérature. Lecteur assidu de ses chroniques cinématographiques depuis quelque deux lustres, je considère que celles-ci constituent une avancée majeure dans l'ordre de l'esthétique, la plus importante depuis les travaux d'André Bazin, puis de Michel Mourlet. 

Picture
Personne, avant lui, n'avait mis au jour avec autant d'acuité et de précision l'engrenage psychologique et politique qui unit les prestiges du Septième Art aux ressorts de la modernité. Si, selon Hans Jürgen Syberberg, le cinématographe est la continuation de la vie par d'autres moyens, Ludovic Maubreuil établit, lui, que la vie est devenue la continuation du cinématographe par ses pires moyens : le simulacre et la sidération. C'est pourquoi ses critiques relèvent autant de la philosophie politique que de l'esthétique, et qu'elles en disent autant sur le monde que sur les films : nul ne s'étonnera, dès lors, si ses préférences vont d'emblée aux cinéastes réfractaires, aux dissidents de la connivence. Mais des vues aussi profondes et aussi larges, aussi plastiques, seraient restées en deçà de leur expression potentielle si elles ne s'étaient accomplies dans la littérature. Or, Ludovic Maubreuil est un écrivain total, dont l'arc-en-ciel va de la fiction féroce au journal intime, le cinématographe y déroulant subtilement ses 24 images/seconde : ses nouvelles sont en effet la transposition des pensées intempestives que lui inspirent les films, tandis que son journal intime, du moins tel qu'on peut le soupçonner sur son blog, est peuplé de figures qui, pour être sans doute bien réelles, n'en sont pas moins des figures de cinéma, des ombres, et tel est bien le grand problème historique et anthropologique que soulève Ludovic Maubreuil. La vie comme continuation du cinématographe, c'est la mort.
_____ Michel Marmin

 LUDOVIC MAUBREUIL

CRITIQUE DE CINÉMA ET AUTEUR DU BLOG CINÉPHILE CINÉMATIQUE.BLOGSPIRIT.COM, LUDOVIC MAUBREUIL A PUBLIÉ LE TEXTE « SCÉNO-DYSGRAPHIE » DANS LE NUMÉRO 26 DE LA REVUE RUE SAINT AMBROISE. VOIR SON BLOG.