Vanina Noël
Bouton d’Or
J'ai toujours préféré les histoires qui finissent bien.
C'est pour cela que je voudrais vous parler de ma petite sœur, Bouton d’Or.
Je sais ce que vous pensez : Bouton d’Or, c'est un peu étrange, cela ne va pas, ce n’est pas un nom. Mais c’est le sien.
Elle devait s’appeler Marguerite, comme la grand-mère, papa l’avait décidé ainsi. Mais à sa naissance, il y a eu un problème, je ne sais pas vraiment quoi, on ne m’a pas raconté, à cause de mes quatre ans, mais il y a eu un problème. Un problème de naissance qui se passe mal. Alors on a su que quelque chose s’était cassé dans la tête de Marguerite. Tout de suite, comme ça, à peine née, elle était cassée. Alors papa a pensé que la grand-mère n’aimerait pas qu’une petite fille cassée porte son prénom. C’est pour cela que Marguerite est devenue Bouton d’Or.
« Bouton d’Or, a dit maman, c’est un nom de petite fille, un nom de printemps et de jeux d’enfants. Ce n’est pas un nom d’adulte, ce n’est pas un nom de femme qui vieillit, mais celle-ci, elle est cassée, elle ne grandira pas. Alors Bouton d’Or, c’est bien pour elle. »
Nous l’avons aimée tout de suite. Quand je dis « nous », je parle de maman et de moi. Papa était trop triste pour ressentir autre chose que de la tristesse ; il n’a jamais pu ressentir autre chose après cela. Pour mon frère Jean, c’était un peu différent. Il était contrarié de penser qu’elle ne nous aiderait jamais aux champs, parce que la vie est si difficile, une bouche à nourrir c’est moins dur lorsque c’est utile. Mais au fond, je sais que lui aussi l’aimait.
Le temps a passé, nous avons grandi. Quand je dis « nous », cette fois, je parle de Jean et de moi. Bouton d’Or a poussé, doucement, comme une fleur, mais sans vraiment fleurir. Elle restait des heures allongée dans la cour, à regarder les oiseaux, pendant que maman épluchait les pommes de terre en chantant. Maman a toujours chanté en travaillant. Bouton d’Or ne disait rien d’abord, elle écoutait. Elle a su chanter avant même de savoir parler. Chaque soir j’essayais d’apprendre mes leçons avec Bouton d’Or qui chantait, et longtemps ce fut insupportable. Mais parce qu’elle aimait cela et parce qu’elle chantait toute la journée, peu à peu sa voix s’est adoucie. A moins que nous ne nous soyons habitués.
Bouton d’Or avait un ami. Il s’appelait Plume. Je ne l’ai jamais vu. Elle seule pouvait le voir, dans sa petite tête magique d’enfant cassée. Elle lui parlait beaucoup, et il devait lui répondre sans doute. Je pense que c’est à cause des oiseaux qu’elle l’avait appelé Plume. Parce que Plume, ce n’est pas vraiment un nom. Mais cela allait bien, parce que c’est un mot léger comme le vent, léger comme des bulles de savon, comme un ami imaginaire. Comme l’unique ami d’une petite fille en morceaux. Elle ne m’a jamais raconté à quoi il ressemblait, s’il était brun ou blond, s’il avait les yeux bleus. Elle ne m’a jamais dit comment elle l’avait rencontré, quand elle avait eu besoin de lui. Il était là, n’y était pas, il ne dérangeait pas, ne faisait pas de bruit. Il n’y a que papa qu’il rendait triste.
Parfois Bouton d’Or prenait un bout de pain sec, l’émiettait devant la porte de la ferme, et attendait les oiseaux. Mais les oiseaux ne venaient jamais, parce que Bouton d’Or était bien trop bruyante, elle leur faisait peur. Elle riait comme une cascade qui rit de beaucoup trop haut, elle chantait comme un fifre un jour de fête. C’était notre ritournelle, notre guirlande de Noël.
Un matin, je me suis levée et rien n’était pareil. Quelque chose se préparait. Maman était anxieuse, Jean faisait les cent pas dans la cour. Bouton d’Or est sortie avec un morceau de pain sec, et s’est assise devant la porte. Elle a appelé les oiseaux, de tout son cœur, de toutes ses forces, mais les oiseaux ne l’ont pas entendue. Et c’est la guerre qui est venue.
Lorsque Jean est parti, maman l’a serré très fort dans ses bras, et c’était comme si on arrachait un morceau d’elle. Moi je n’ai rien dit, j’ai ravalé mon chagrin, parce que Jean a juré qu’il reviendrait, et je ne voulais pas qu’il croie que je n’avais pas confiance en lui. Papa a tourné la tête, pour ne pas pleurer devant ses enfants.
Bouton d’Or s’est approchée avec un large sourire. Elle avait un cadeau pour Jean. C’était une plume, une petite plume toute abîmée qu’elle avait ramassée dans la cour. Ce jour-là, avec son cadeau et son rire de cascade, c’est Bouton d’Or qui a fait pleurer Jean.
La vie a continué, en un peu moins belle, en un peu plus triste. Depuis les champs on ne voyait pas la guerre, on ne l’entendait pas, mais on ne pensait qu’à elle. Au village on avait tous quelqu’un d’absent, quelqu’un qu’on attendait, et pour qui l’on priait. Parfois on recevait des nouvelles du front, mais jamais des bonnes. La question quotidienne était : pour qui sera la mauvaise nouvelle d’aujourd’hui ? Le facteur était devenu oiseau de mauvais augure, que l’on n’a pas envie d’attirer dans la cour avec du pain sec.
Parfois on entendait un cri, un sanglot, on avait compris. Et puis quelques semaines passaient, et un autre partait remplacer celui qui n’était pas revenu.
Bouton d’Or comprenait les choses. Peut-être. Elle chantait toute la journée, comme pour faire en sorte que rien ne change. Comme si ses chansons pouvaient protéger Jean.
Mais les chansons n'ont pas suffi. Un jour, un homme couvert de médailles est venu nous apporter une petite boîte. Dedans, il y avait une photographie, une plaque métallique, une lettre. Et puis au fond, la vieille plume toute abîmée. La plume de Bouton d'Or, que Jean avait emmenée au front avec lui.
Je n'ai rien dit, je me suis réfugiée dans ma chambre et j'ai pleuré. J'entendais chanter Bouton d'Or, et j'aurais voulu qu'elle se taise, rien qu'une fois, parce que les comptines, cela ne va pas avec la mort. Mais chez nous, rien à faire, pas de minute de silence, pas une minute de silence, jamais.
Maman, elle, n'a plus jamais chanté.
La vie a continué, et la guerre avec elle. Nous n'attendions plus de nouvelles, nous n'avions plus d'espoir, alors peu nous importait que la guerre cesse ou non. « Il ne peut rien arriver de pire » disait maman. Quelque part, c'était reposant.
Le travail aux champs était difficile, nous manquions d'hommes et de motivation. Le soir je rentrais et m'allongeais, incapable de rien faire, fatiguée, si fatiguée, entre un père plus fatigué encore, une mère-fantôme qui ne disait plus rien, et une petite sœur qui chantait, malgré la misère, malgré la mort.
Et puis un matin il y a eu ce bruit assourdissant. Comme un morceau de ciel qui nous serait tombé sur la tête. Bouton d'Or était dans la cour, maman s'est précipitée pour lui dire de rentrer. Bouton d'Or n'a pas entendu. Elle était fascinée. Elle s'est mise à courir à toutes jambes en criant « oiseau ! Oiseau! ».
L'oiseau était gigantesque, bruyant, et tout en fer. Un grand oiseau de fer qui crachait du feu. Mais Bouton d'Or ne savait pas pour le feu. Alors elle a couru pour l'attraper, et j'ai couru pour rattraper ma petite sœur.
Elle était déjà en haut de la colline quand les bombes sont tombées. Je me souviens d'un vacarme terrible, d'une explosion dans ma tête, et puis un rideau noir.
Je me suis éveillée dans mon lit. Il paraît que j’avais dormi plusieurs jours. Ma tête me faisait mal, alors j’ai passé mes mains sur mon visage. Je n’ai pas entendu le bruit de feuilles mortes que fait le doigt lorsqu’il caresse le lobe de l’oreille. J’ai voulu parler, je n’ai pas entendu ma voix. J’ai alors compris que pour moi le monde s’était tu à jamais. Après le fracas des bombes ne pouvait rester que le silence.
Ce silence, c’était l’absence de Bouton d’Or. Elle était partie et avait tout emporté avec elle : le rire des cascades, les mots de l’écho, et la chanson des fifres.
J’avais dit que cette histoire finissait bien. Dit comme cela, on dirait que j’ai un peu menti. Mais pas vraiment. Parce que ce jour-là, j’ai senti quelque chose qui poussait dans ma tête. C’était comme une vieille plume toute abîmée, alors j’ai décidé de m’en servir pour écrire des histoires qui finissent bien. Et c’est avec cette plume que j’ai écrit l’histoire d’une petite fille qui courait après un gigantesque oiseau bleu, oiseau de paradis, ou oiseau-lyre, peu importe. Parce qu’après tout on n’en sait rien, personne n’a vu par où elle s’en est allée. Alors je pense, moi, qu'elle a suivi l'oiseau de paradis.
Une belle histoire de petite fille, écrite à la plume, dans ma tête un peu cassée.
Je suis montée sur la colline. Elle était couverte de boutons d’or. Et qu’on ne me dise pas qu'il n'y a rien de magique à cela, qu'on ne me dise pas que c’est normal. Ce n’est pas normal autant de fleurs dans un monde en guerre. Dans ce monde silencieux que m’a laissé ma petite sœur, je réapprends à chanter dans ma tête.
Les champs sont devenus des symphonies, les ruisseaux sont des éclats de rire, les boutons d’or sont des chansons, des chansons éternelles d’éternels enfants, que j’écoute avec mes yeux.
Ce silence, c’est le chant du monde en plus beau.
Elle devait s’appeler Marguerite, comme la grand-mère, papa l’avait décidé ainsi. Mais à sa naissance, il y a eu un problème, je ne sais pas vraiment quoi, on ne m’a pas raconté, à cause de mes quatre ans, mais il y a eu un problème. Un problème de naissance qui se passe mal. Alors on a su que quelque chose s’était cassé dans la tête de Marguerite. Tout de suite, comme ça, à peine née, elle était cassée. Alors papa a pensé que la grand-mère n’aimerait pas qu’une petite fille cassée porte son prénom. C’est pour cela que Marguerite est devenue Bouton d’Or.
« Bouton d’Or, a dit maman, c’est un nom de petite fille, un nom de printemps et de jeux d’enfants. Ce n’est pas un nom d’adulte, ce n’est pas un nom de femme qui vieillit, mais celle-ci, elle est cassée, elle ne grandira pas. Alors Bouton d’Or, c’est bien pour elle. »
Nous l’avons aimée tout de suite. Quand je dis « nous », je parle de maman et de moi. Papa était trop triste pour ressentir autre chose que de la tristesse ; il n’a jamais pu ressentir autre chose après cela. Pour mon frère Jean, c’était un peu différent. Il était contrarié de penser qu’elle ne nous aiderait jamais aux champs, parce que la vie est si difficile, une bouche à nourrir c’est moins dur lorsque c’est utile. Mais au fond, je sais que lui aussi l’aimait.
Le temps a passé, nous avons grandi. Quand je dis « nous », cette fois, je parle de Jean et de moi. Bouton d’Or a poussé, doucement, comme une fleur, mais sans vraiment fleurir. Elle restait des heures allongée dans la cour, à regarder les oiseaux, pendant que maman épluchait les pommes de terre en chantant. Maman a toujours chanté en travaillant. Bouton d’Or ne disait rien d’abord, elle écoutait. Elle a su chanter avant même de savoir parler. Chaque soir j’essayais d’apprendre mes leçons avec Bouton d’Or qui chantait, et longtemps ce fut insupportable. Mais parce qu’elle aimait cela et parce qu’elle chantait toute la journée, peu à peu sa voix s’est adoucie. A moins que nous ne nous soyons habitués.
Bouton d’Or avait un ami. Il s’appelait Plume. Je ne l’ai jamais vu. Elle seule pouvait le voir, dans sa petite tête magique d’enfant cassée. Elle lui parlait beaucoup, et il devait lui répondre sans doute. Je pense que c’est à cause des oiseaux qu’elle l’avait appelé Plume. Parce que Plume, ce n’est pas vraiment un nom. Mais cela allait bien, parce que c’est un mot léger comme le vent, léger comme des bulles de savon, comme un ami imaginaire. Comme l’unique ami d’une petite fille en morceaux. Elle ne m’a jamais raconté à quoi il ressemblait, s’il était brun ou blond, s’il avait les yeux bleus. Elle ne m’a jamais dit comment elle l’avait rencontré, quand elle avait eu besoin de lui. Il était là, n’y était pas, il ne dérangeait pas, ne faisait pas de bruit. Il n’y a que papa qu’il rendait triste.
Parfois Bouton d’Or prenait un bout de pain sec, l’émiettait devant la porte de la ferme, et attendait les oiseaux. Mais les oiseaux ne venaient jamais, parce que Bouton d’Or était bien trop bruyante, elle leur faisait peur. Elle riait comme une cascade qui rit de beaucoup trop haut, elle chantait comme un fifre un jour de fête. C’était notre ritournelle, notre guirlande de Noël.
Un matin, je me suis levée et rien n’était pareil. Quelque chose se préparait. Maman était anxieuse, Jean faisait les cent pas dans la cour. Bouton d’Or est sortie avec un morceau de pain sec, et s’est assise devant la porte. Elle a appelé les oiseaux, de tout son cœur, de toutes ses forces, mais les oiseaux ne l’ont pas entendue. Et c’est la guerre qui est venue.
Lorsque Jean est parti, maman l’a serré très fort dans ses bras, et c’était comme si on arrachait un morceau d’elle. Moi je n’ai rien dit, j’ai ravalé mon chagrin, parce que Jean a juré qu’il reviendrait, et je ne voulais pas qu’il croie que je n’avais pas confiance en lui. Papa a tourné la tête, pour ne pas pleurer devant ses enfants.
Bouton d’Or s’est approchée avec un large sourire. Elle avait un cadeau pour Jean. C’était une plume, une petite plume toute abîmée qu’elle avait ramassée dans la cour. Ce jour-là, avec son cadeau et son rire de cascade, c’est Bouton d’Or qui a fait pleurer Jean.
La vie a continué, en un peu moins belle, en un peu plus triste. Depuis les champs on ne voyait pas la guerre, on ne l’entendait pas, mais on ne pensait qu’à elle. Au village on avait tous quelqu’un d’absent, quelqu’un qu’on attendait, et pour qui l’on priait. Parfois on recevait des nouvelles du front, mais jamais des bonnes. La question quotidienne était : pour qui sera la mauvaise nouvelle d’aujourd’hui ? Le facteur était devenu oiseau de mauvais augure, que l’on n’a pas envie d’attirer dans la cour avec du pain sec.
Parfois on entendait un cri, un sanglot, on avait compris. Et puis quelques semaines passaient, et un autre partait remplacer celui qui n’était pas revenu.
Bouton d’Or comprenait les choses. Peut-être. Elle chantait toute la journée, comme pour faire en sorte que rien ne change. Comme si ses chansons pouvaient protéger Jean.
Mais les chansons n'ont pas suffi. Un jour, un homme couvert de médailles est venu nous apporter une petite boîte. Dedans, il y avait une photographie, une plaque métallique, une lettre. Et puis au fond, la vieille plume toute abîmée. La plume de Bouton d'Or, que Jean avait emmenée au front avec lui.
Je n'ai rien dit, je me suis réfugiée dans ma chambre et j'ai pleuré. J'entendais chanter Bouton d'Or, et j'aurais voulu qu'elle se taise, rien qu'une fois, parce que les comptines, cela ne va pas avec la mort. Mais chez nous, rien à faire, pas de minute de silence, pas une minute de silence, jamais.
Maman, elle, n'a plus jamais chanté.
La vie a continué, et la guerre avec elle. Nous n'attendions plus de nouvelles, nous n'avions plus d'espoir, alors peu nous importait que la guerre cesse ou non. « Il ne peut rien arriver de pire » disait maman. Quelque part, c'était reposant.
Le travail aux champs était difficile, nous manquions d'hommes et de motivation. Le soir je rentrais et m'allongeais, incapable de rien faire, fatiguée, si fatiguée, entre un père plus fatigué encore, une mère-fantôme qui ne disait plus rien, et une petite sœur qui chantait, malgré la misère, malgré la mort.
Et puis un matin il y a eu ce bruit assourdissant. Comme un morceau de ciel qui nous serait tombé sur la tête. Bouton d'Or était dans la cour, maman s'est précipitée pour lui dire de rentrer. Bouton d'Or n'a pas entendu. Elle était fascinée. Elle s'est mise à courir à toutes jambes en criant « oiseau ! Oiseau! ».
L'oiseau était gigantesque, bruyant, et tout en fer. Un grand oiseau de fer qui crachait du feu. Mais Bouton d'Or ne savait pas pour le feu. Alors elle a couru pour l'attraper, et j'ai couru pour rattraper ma petite sœur.
Elle était déjà en haut de la colline quand les bombes sont tombées. Je me souviens d'un vacarme terrible, d'une explosion dans ma tête, et puis un rideau noir.
Je me suis éveillée dans mon lit. Il paraît que j’avais dormi plusieurs jours. Ma tête me faisait mal, alors j’ai passé mes mains sur mon visage. Je n’ai pas entendu le bruit de feuilles mortes que fait le doigt lorsqu’il caresse le lobe de l’oreille. J’ai voulu parler, je n’ai pas entendu ma voix. J’ai alors compris que pour moi le monde s’était tu à jamais. Après le fracas des bombes ne pouvait rester que le silence.
Ce silence, c’était l’absence de Bouton d’Or. Elle était partie et avait tout emporté avec elle : le rire des cascades, les mots de l’écho, et la chanson des fifres.
J’avais dit que cette histoire finissait bien. Dit comme cela, on dirait que j’ai un peu menti. Mais pas vraiment. Parce que ce jour-là, j’ai senti quelque chose qui poussait dans ma tête. C’était comme une vieille plume toute abîmée, alors j’ai décidé de m’en servir pour écrire des histoires qui finissent bien. Et c’est avec cette plume que j’ai écrit l’histoire d’une petite fille qui courait après un gigantesque oiseau bleu, oiseau de paradis, ou oiseau-lyre, peu importe. Parce qu’après tout on n’en sait rien, personne n’a vu par où elle s’en est allée. Alors je pense, moi, qu'elle a suivi l'oiseau de paradis.
Une belle histoire de petite fille, écrite à la plume, dans ma tête un peu cassée.
Je suis montée sur la colline. Elle était couverte de boutons d’or. Et qu’on ne me dise pas qu'il n'y a rien de magique à cela, qu'on ne me dise pas que c’est normal. Ce n’est pas normal autant de fleurs dans un monde en guerre. Dans ce monde silencieux que m’a laissé ma petite sœur, je réapprends à chanter dans ma tête.
Les champs sont devenus des symphonies, les ruisseaux sont des éclats de rire, les boutons d’or sont des chansons, des chansons éternelles d’éternels enfants, que j’écoute avec mes yeux.
Ce silence, c’est le chant du monde en plus beau.